Dans ses yeux j'ai vu …
Il est étrange comme tout parait différent pour deux personnes qui n'ont pas vécu de la même façon.
Lui était grand, les muscles saillants et les cheveux foncés. La transpiration dégoulinait sur son petit front et il devait souvent cligner des yeux pour ne pas être aveuglé. Il portait une grosse armure de cuir et de métal et se tenait en garde. C'etait un militaire, un vulgaire soldat.
En face de lui, un homme svelte, taillée dans le roseau plus que dans la pierre. Ses longs cheveux blonds voletaient dans la brise fraiche de ce début de matinée. Tout comme le soldat, il ne souriait pas et restait concentré. Pourtant, au fond de ses yeux noisette, je voyais le rire. Cet homme, si fragile, riait.
Et il avait raison.
Les gestes du soldats étaient dénués de tout sens de l'Art. Il n'y avait aucune magie, il n'y avait pas ce petit quelque chose qui fait qu'un bon manieur d'épée devienne un excellent manieur.
Pour l'autre, celui qui lui faisait face, tout était différent. Le combat, la guerre et même le simple fait de tuer était un art pour lui.
Quelque part, au fond de moi, je l'enviais. Il maniait son épée comme si c'etait sa femme. Cela me rendait jalouse… Quelle complicité entre lui et le bout de metal qu'il tenait …
Les deux hommes se regardèrent longuement. Près de moi, mon maitre me murmurait les ordres mais je ne l'écoutais pas vraiment. J'étais subjuguée, je voulais observer encore et encore, je voulais devenir aussi sûre de moi que cet homme l'était de lui.
Je les admirai. Ils entrèrent dans une lutte féroce et acharnée. Les acquis du soldats paraient l'Art de son ennemi et ils semblaient de même force. Mais finalement, l'homme blond finta avec un coup vers le flanc et il abattit le soldat d'un coup d'épée dans la trachée.
Dans mes yeux, les larmes qui coulaient étaient des larmes de bonheur. Je venais de découvrir l'Art suprême, celui que tous rêvent un jour d'avoir…Je m'avançai alors et accomplissait mes ordres.
L'homme blond me regarda droit dans les yeux. Quand la lame de ma faucille l'atteignit en plein thorax, il ne bougea pas. Il ne cessai de me regarder.
Son regard intense me gênait et je ne savais pas pourquoi. Je détournais les yeux mais les rivais juste après sur le cadavre qui venait de s'éffondrer.
Je savais maintenant.
Dans ses yeux, j'ai vu le bonheur.